Rassemblement du 8 décembre 2018 devant la préfecture
Fédération d’Indre-et-Loire de
37 la Libre Pensée
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LA LIBRE PENSEE 37 INFORME
Discours d’Alain JOUANNET, Président de la Libre Pensée d’Indre-et-Loire, le 8 décembre 2018, devant la Préfecture à Tours.
NE TOUCHEZ PAS A LA LOI DE 1905 !
Chers camarades et amis,
Je salue tout d’abord la présence des délégués départementaux Education Nationale, des représentants de l’Union départementale Force Ouvrière et de ceux qui, membres d’autres associations, sont là aujourd’hui à titre individuel. Malgré les circonstances, voire les pressions amicales, nous avons maintenu notre rassemblement. Mais nous serons reçus le mercredi 12 décembre par le cabinet de Madame le Préfet.
Camarades et amis laïques,
Il a fallu s’y reprendre à trois fois pour enfin arracher la loi de séparation des Eglises et de l’Etat le 9 décembre 1905. Depuis la Révolution Française, en passant par la Commune de Paris en 1870-71, le mouvement démocratique, républicain et ouvrier a imposé cette loi qui fut adoptée. Cette loi, pendant plus d’un siècle, a fait ses preuves d’une part par la concorde et d’autre part en reléguant l’Eglise dans la sphère privée.
« L’Etat maitre chez lui, l’Eglise chez elle », disait Victor Hugo. La séparation fait qu’il ne peut y avoir ni religion d’Etat, ni officielle, ni reconnue. On peut croire ou ne pas croire. Personne ne peut imposer quoi que ce soit. C’est la liberté de conscience affirmée dans l’article I de la loi de 1905. La religion est séparée de l’Etat. C’est l’article II qui stipule "la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte". Cela signifie qu’il n’y a aucun financement public des cultes, la religion étant considérée comme une affaire privée.
Il y a eu des entorses, des tentatives de révision, de toilettage, des attaques frontales ou plus insidieuses. L’Eglise n’a, en effet, jamais accepté la loi de 1905.
Une des attaques, attaque majeure s’il en est, c’est celle du régime de Vichy du maréchal Pétain avec la loi de décembre 1942 qui a redonné les capacités civiles et testamentaires à l’Eglise, refaisant ainsi de celle-ci une puissance financière, immobilière, foncière, forestière. L’Eglise possède des bâtiments de grand luxe dans les arrondissements chics de Paris. Ces immeubles-là ne s’effondrent pas comme à Marseille. C’est la même situation en province.
Cette loi n’a jamais été abrogée, en 1945 à la Libération, ou en 1981 ou 1988, par aucun gouvernement de gauche comme de droite. Aujourd’hui les avantages fiscaux de l’Eglise concernant les dons (denier du culte) ou legs sont garantis par une loi du régime de la collaboration, le régime de Pétain.
Une autre entorse majeure contradictoire à la loi de 1905, c’est le financement des écoles privées confessionnelles, à 97% catholiques, avec la loi Debré adoptée dans la foulée de la prise de pouvoir par De Gaulle en 1958. Avec la loi Debré, des milliards sont détournés chaque année pour l’institution de l’Eglise qui est l’école privée, comme elle le revendique elle-même. Ces crédits sur fonds publics augmentent chaque année : on en est maintenant à 12 milliards. Douze milliards dont l’Ecole de la République, l’Ecole publique laïque et normalement gratuite aurait bien besoin.
L’Ecole publique accueille tout le monde sans distinction. J’insiste sur ce point. C’est l’inverse d’une école privée à caractère propre, dont la base est la reconnaissance des Evangiles.
Cette loi n’est pas appliquée en Alsace-Moselle, ni outre-mer. Concordat, décrets Mandel ou édit royal en Guyane où le Conseil départemental finance le salaire des prêtres. Les ecclésiastiques des cultes reconnus sont rétribués comme fonctionnaires de l’Etat avec quelques avantages supplémentaires.
Nous revendiquons l’abrogation du concordat et l’application de la loi de séparation sur tout le territoire !
Et puis il y a Emmanuel Macron, jésuite de formation, toujours en activité, banquier de métier, et actuellement président de la Vème République.
Dans un premier temps, il affirme « je ne toucherai pas à la loi », puis il déclare qu’il faut réformer. Dans un troisième temps, il y a eu le discours des Bernardins devant les évêques. Macron a poursuivi Sarkozy qui avait déclaré : « Jamais l’instituteur ne remplacera le curé ». Lui, Macron, il a dit aux évêques entre autre « il faut réparer le lien abimé entre la République et l’Eglise ». Il n’y a rien à réparer puisque, normalement, c’est le régime de la séparation qui doit s’appliquer.
En août 2018, le congrès national de la Libre Pensée a lancé une alerte à tout le monde dans le mouvement laïque. Nous avons publié un manifeste et fait la proposition d’organiser des rassemblements les 8-9 décembre 2018 devant les préfectures. Nous avons, au plan national comme dans les départements, pris les contacts nécessaires pour réaliser l’unité sur un mot d’ordre simple : ne touchez pas à la loi de 1905 !
Et puis il y a eu la révélation du journal l’Opinion, reprise par d’autres médias. Là, on découvre que Macron parle de consultation des cultes pour définir ensemble les critères de reconnaissance des cultes. Là, ça a le mérite d’être clair ! Attaque majeure brutale. Comme d’ailleurs dans tous les domaines de la vie sociale.
La reconnaissance, c’est le contraire de l’article II de la loi de 1905. La reconnaissance, c’est le concordat. Nous ne voulons pas du concordat en Alsace-Moselle, ce n’est pas pour l’accepter sur tout le territoire ! Voilà ce que Macron mijotait. On comprend mieux pourquoi il a refusé de recevoir la Libre Pensée. Comme Blanquer ou Darmanin qui lui, faisant fi de toutes précautions oratoires, s’est prononcé pour le concordat. Ou encore comme Colomb quand il sévissait place Beauvau. La reconnaissance, cela a des conséquences financières et pour la République et ses institutions. Comme en Allemagne ou en Autriche. Les cultes reconnus voudront prendre place partout, dans tous les rouages de la société… Ce n’est pas acceptable ! C’est un retour à l’ancien régime et, par conséquent, nous ne l’acceptons pas.
Le 8 décembre est, à l’évidence, une étape. Nous nous félicitons de la présence des DDEN, des syndicalistes de Force Ouvrière, des membres de sociétés philosophiques. Nous regrettons l’absence de quelques autres. Il fallait faire ce rassemblement. Indiquer à l’Etat, au gouvernement, aux élus, aux députés, que nous voulons maintenir la loi de 1905. Nous continuerons nos démarches auprès des associations, des syndicats, pour que l’unité s’élargisse. Organiser, rassembler pour mobiliser. Ce coup de force ne doit pas passer.
La Libre Pensée indique son intention d’organiser une grande réunion début 2019 pour défendre la loi de 1905. Faisons-le ensemble.
Vive la laïcité ! Pas touche à la loi de 1905 ! Non au concordat ! Et, comme on dit à la Libre Pensée : A bas la calotte et vive la sociale !
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