Lyon : la Vierge et le Guépard
La Fédération nationale de la Libre Pensée informe de la lettre ouverte de la Libre Pensée du Rhône au nouveau Maire de Lyon.
Dans le célèbre livre Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, on connait la célèbre formule : « Il faut que tout change pour que rien ne change».
Cela va-t-il être le cas à Lyon où la tradition de soumission de la Mairie au Primat des Gaules est légendaire ?
Nous espérons que la Libre Pensée sera reçue par le nouveau maire pour qu’enfin tout change pour que rien ne soit plus comme avant en matière de cléricalisme.
La Libre Pensée
Monsieur Pierre Girod
Président de la Fédération du Rhône de la Libre Pensée
librepensee69@orange.fr
A l’attention de M Grégory Doucet,
Maire de Lyon
Copie à M. Bruno Bernard, Président de la Métropole de Lyon
Lyon, le 10 juillet 2020
Lettre ouverte à propos du vœu des Échevins
Monsieur le Maire,
Vous avez été élu le 28 juin dernier, succédant à un maire qui s’est sans cesse appuyé sur les représentants des cultes, celui de l’archevêché en particulier, pour promouvoir et financer le « dialogue inter-religieux » comme outil de gouvernance. M. Collomb s’est placé hors de la loi républicaine en participant, année après année, à la cérémonie dite du « Vœu des Échevins », où il s’agit de faire allégeance à la Vierge-Marie par la remise d’un écu symbolique.
Cette tradition n’a rien à voir, ni de près ni de loin, avec la République. Elle remonte à une époque où les progrès de la médecine ont contribué à éradiquer les épidémies de peste récurrentes, faisant de Lyon une ville réputée depuis pour ses hôpitaux et l’excellence de ses facultés de médecine. La Révolution française a mis fin à la présence des Elus municipaux, à ce qu’il faut appeler un rite clérical de soumission des Elus. C’est le régime de Vichy, en 1943, puis le maire M. Pradel en 1970 qui ont rétabli la participation des Elus.
Vous venez d’annoncer dans la Presse, comme « probable » votre participation au Vœu des Échevins, tout en précisant : « Je me donne du temps pour réfléchir au symbole que l’on veut donner à cette présence. »
Nous sommes stupéfaits de cette déclaration, d’autant plus que vous aviez mis en avant une « nouvelle manière de faire de la politique ». Une participation au Vœu des Échevins serait un triste début !
Monsieur le Maire, la place d’un élu de la République n’est pas au vœu des Échevins, pas plus qu’elle ne l’est dans une quelconque cérémonie religieuse.
D’autant qu’un autre point nous inquiète : vous venez de nommer une adjointe chargée, entre autres choses, « des Cultes et des Spiritualités. ».
C’est plus que la mission confiée à son prédécesseur, ancien président de la Fondation Fourvière, chargé simplement des « Cultes » (mot qui correspond à une réalité juridique, contrairement à celui de « Spiritualité »). Chaque citoyen est libre de croire, de ne pas croire, de se désintéresser des questions métaphysiques et n’est redevable devant personne de sa représentation de la Vie. On ne voit donc pas ce qu’une municipalité aurait à voir avec la « spiritualité », c’est-à-dire en d’autres mots la vie intérieure et la liberté de conscience.
Ce qu’est la « Spiritualité » pour la majorité municipale, il faudra nous l’expliquer ! À moins qu’il ne s’agisse de remettre le pied à l’étrier aux courants religieux, foulant aux pieds les principes de laïcité qui s’imposent à tous les élus. Soit dit en passant, les faits de pédophilie qui se sont déroulés à Lyon, sous le regard inattentif ou complaisant de quatre archevêques successifs, ne plaident pas en faveur d’une quelconque autorité
« spirituelle » de leur part.
La Libre Pensée est attachée aux principes de Séparation des Églises et de l’État matérialisés par la loi du 9 décembre 1905. Elle se prononce pour sa défense inconditionnelle dans sa lettre et dans son esprit.
Elle fait sien le slogan : « Ne touchez pas à la loi de 1905 !» et se défie de tout projet de refonte, modification, mutilation sur le terrain législatif comme réglementaire.
C’est qu’en effet, nous avons vu trop d’élus se devant de respecter la laïcité et multipliant les déclarations de façade, tout en menant une politique contraire dans la réalité. Ce double-jeu, les citoyens ne sont plus prêts à l’accepter.
Nous vous demandons de nous recevoir dès que possible, en audience, afin de pouvoir échanger plus largement avec vous, sur les sujets évoqués dans ce courrier.
Recevez, Monsieur le Maire, l’expression de nos salutations les plus respectueuses.
Pierre Girod