Section de Civitas, un parti catholique traditionaliste fondé cet été en Suisse
Blasphémer une croyance une religion mais pas toutes ?
En Suisse
Un groupuscule intégriste dénonce une série de la RTS
Une prière de protestation contre «La vie de J.C.» s’est tenue sur la plaine de Plainpalais.
«La vie de J.C.» ne casse pas trois pattes à un canard, mais la minisérie qui aborde «avec légèreté et humour les grandes histoires autour de la vie» du Christ, comme dit la RTS, a provoqué la tenue d’un rassemblement de protestation sur la plaine de Plainpalais vendredi soir. «Il s’agit de dénoncer le contenu blasphémateur de cette émission», indique Alain Späth, responsable de section de Civitas, un parti catholique traditionaliste fondé cet été en Suisse. La manifestation, qui se voulait «acte de réparation», s’est terminée par une prière au chapelet.
Mais il a d’abord fallu la trouver, la manif! Car à 19 heures, au lieu indiqué par les organisateurs, c’est un défilé pro-Kurdes que l’on croise. «Turquie fasciste!» scande la centaine de participants. Malgré un panneau d’affichage voisin qui vante le spectacle de François Ozon intitulé «Grâce à Dieu», on n’est pas au bon endroit. Que faire? Finalement, ce sont les députés de d’Ensemble à gauche Pierre Vanek, Jean Batou et Jean Bürgermeister, venus en soutien aux Kurdes, qui indiquent où aller, comme de bons apôtres.
Rassemblés en cercle face à la rue de l’École-de-Médecine, une trentaine de manifestants écoutent l’orateur dénoncer le monde moderne. Les blasphèmes de la série «étant trop nombreux pour être cités tous», c’est un discours général qui est développé.
En résumé, tout aurait mal tourné depuis Luther, qui a permis à Descartes de prospérer, lequel a philosophiquement engendré Hegel, puis Marx, puis Vatican II. Genève oblige, Calvin n’est pas oublié: mais il est un peu étonnamment qualifié de «sentimentaliste mièvre», mais peut-être était-ce Rousseau. Un remède au désastre? Civitas propose «de réinstaurer le catholicisme en tant que religion officielle de la Suisse». Pour les récalcitrants, Alain Späth rassure: «Nous sommes opposés aux conversions forcées.»
«Vincent, tu n’as pas peur de voir tomber le feu du ciel?»
Venus de Suisse romande, les manifestants ont brandi quelques pancartes. «Vincent, tu n’as pas peur de voir tomber le feu du ciel», interroge l’une, allusion au prénom des auteurs de la série. «On ne se moque pas de Dieu!» ajoute une autre. Pendant ce temps, l’orateur compare la liberté laissée à la série, à la censure qui empêcherait les «opposants au grand remplacement ou à la vaccination» de s’exprimer.
Marc Bretton est journaliste à la Tribune de Genève. Il a travaillé au sein de la rubrique nationale et suit les questions politiques et économiques pour la rubrique genevoise depuis 2004.