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Fédération d'Indre et Loire de la Libre Pensée

Où en sont les recherches sur les sites des pensionnats pour Autochtones?

27 Mai 2022, 10:55am

Publié par Fédération de la Libre Pensée d'Indre et Loire

Pensionnat de Sept-Îles

Pensionnat de Sept-Îles

« On avance avec prudence et bienveillance » : c’est ainsi que Jean-Claude Therrien Pinette, responsable du cabinet politique d’Uashat Mak Mani-Utenam, résume l’état actuel des démarches dans la communauté innue de la Côte-Nord.

Pour le moment, la communauté innue est la seule de la province à avoir reçu du financement du gouvernement fédéral. La somme de ​​715 000 $, obtenue par l’entremise du Fonds de soutien communautaire pour les enfants disparus dans les pensionnats, pourra servir à mener les démarches de consultations entre pensionnaires, puis pourrait financer les ressources nécessaires aux recherches par géoradar.

Avant d’entreprendre quelque démarche que ce soit, des consultations doivent toujours être conclues. Ces dernières ont actuellement lieu auprès d’ex-pensionnaires afin de recueillir leurs témoignages et souvenirs du pensionnat Notre-Dame de Sept-Îles, qui a été en activité pendant 20 ans.

« On essaie de corroborer, à travers des souvenirs des anciens pensionnaires, des éléments d’informations pour justifier la tenue des recherches », indique M. Therrien Pinette. La consultation a déjà commencé auprès des anciens pensionnaires d’Uashat et de Pessamit, puis se poursuivra avec ceux de Natashquan.

« On y va communauté par communauté pour aller à la rencontre des survivants. Ce sont eux qui vont nous pister pour savoir si on doit mener des recherches », plaide-t-il.

Pensionnats de Fort George

Pensionnats de Fort George

Les découvertes à Kamloops ont ravivé de vieilles blessures pour la communauté crie de Chisasibi. L’île de Fort George, qui se trouve près de communauté, a accueilli les deux premiers pensionnats au Québec : le pensionnat anglican St Philip’s et le pensionnat catholique romain de Fort George, qui a ouvert ses portes en 1937.

Mandy Gull-Masty, la grande cheffe de la nation crie du Québec, a été élue peu après les découvertes, en juillet. Dès son entrée en poste, elle a annoncé son intention de travailler avec les communautés qui ont été touchées par les pensionnats.

« C’était une année difficile, car [les découvertes] ont ramené beaucoup d’émotions et tout un historique sur la table. Ça a eu un gros impact sur les [anciens] pensionnaires », confie-t-elle.

Une démarche de consultation auprès des anciens pensionnaires a ensuite été mise en place. « Ces réunions étaient très difficiles, car il n’y avait pas que les histoires que les étudiants ont vécues, mais aussi les histoires des choses qu’ils ont vues. [Après Kamloops], c’était vraiment un moment de vérité pour les pensionnaires », se rappelle-t-elle.

Le processus, qui a malencontreusement pris du retard en raison de la pandémie, est sur le point de s’achever. La communauté prévoit de faire une annonce publique à la fin du mois de juin, à savoir si elle procédera à des recherches par géoradar.

Pensionnat de La Tuque

Pensionnat de La Tuque

Des voix s’élevaient, l’été dernier, pour que le site de l’ancien pensionnat de La Tuque, qui accueillait principalement des enfants de la nation crie, soit fouillé. Un centre de la petite enfance (CPE) est aujourd’hui installé sur ledit terrain.

Interpellée par Le Devoir, Christiane Morin, directrice du CPE et propriétaire du terrain, confie qu’« il n’y a pas eu beaucoup de développement » depuis l’été dernier. Elle se dit toujours prête à autoriser les recherches sur le terrain si la demande est faite par les autorités.

Mme Morin affirme par ailleurs que la dernière communication qu’elle a reçue date de l’automne dernier. La grande cheffe de la nation crie du Québec, Mandy Gull-Masty, a affirmé au Devoir que « le dossier » est toujours en cours.

Pensionnat d'Amos

Pensionnat d'Amos

Dans la communauté algonquine de Pikogan, près d’Amos, on affirme être prêts à demander des recherches sur le site de l’ancien pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery. Joan Wylde, la conseillère de la Première Nation Abitibiwinni, prévient toutefois que même si un consensus est établi à Pikogan, le Conseil devra d’abord consulter les autres communautés avant de faire une demande officielle — puisque le pensionnat a aussi accueilli des enfants atikamekw et cris.

« Les anciens pensionnaires de Pikogan sont prêts à faire les recherches et à donner le “go”, mais on attend les autres communautés, ce n’est donc pas confirmé à 100 % », affirme-t-elle.

Son père, Johnny Wylde, qui coordonne un groupe d’anciens élèves du pensionnat — et qui a lui-même fréquenté le pensionnat durant son enfance — espère que le dossier pourra avancer rapidement. « Les familles m’appellent pour me demander quand seront les fouilles », relate-t-il.

De son côté, Joan Wylde a espoir que les autres communautés suivront le pas. « D’après moi, elles vont vouloir appuyer la communauté des Anichinabés pour les recherches. » Car ces recherches, souligne-t-elle, font « partie du processus de guérison » et pourront apporter des réponses aux familles.

« On passe tout le temps devant le pensionnat pour aller à Val-d’Or, on pense à tout ce qui a pu s’y passer. [Après] les corps retrouvés dans les autres pensionnats, on se demande s’il pourrait y en avoir là aussi ».

Pensionnat de Pointe-Bleue

L’établissement de Pointe-Bleue, au nord de Roberval, est le dernier pensionnat à fermer au Québec, en 1991. L’école accueillait principalement des Innus, des Atikamekw, des Algonquins et des Cris.

Pour le moment, les discussions se poursuivent au sein d’un comité de travail. « Aucune décision n’a encore été prise relativement à la réalisation ou non de fouilles », a indiqué Karen Robertson, responsable des communications de la communauté Kauauitishakanit Takuhimatsheuan, à Mashteuiatsh. Elle assure que « la population sera la première informée des orientations éventuelles ».

Les survivants des pensionnats autochtones et leur famille peuvent aussi appeler en tout temps la ligne d'écoute téléphonique nationale concernant les pensionnats autochtones au 1-866-925-4419.